Description
« Je remercie Dieu de ce qu’il m’ait fait comprendre que je ne devais pas être un compositeur ni un écrivain. Mon mode d’expression était certainement la musique, mais il est non moins certain que je ne devais pas en user ». Cette confidence d’André Charlier à ses trois filles lève le voile sur la vie d’un converti, baptisé à l’âge de dix-huit ans, qui désira dès l’adolescence « accomplir une oeuvre inspirée de Dieu... faire quelque chose de beau pour Dieu ».
Après avoir été blessé et fait prisonnier en Allemagne pendant la Première Guerre mondiale, André Charlier se tourna finalement vers l’enseignement. Devenue Directeur de l’École des Roches de Maslacq, transférée ensuite à Clères, sa grande oeuvre sera la formation de la jeunesse. Son ami Paul Claudel voit en Charlier, beaucoup plus qu’un éducateur, un maître spirituel : « le maître idéal suivant l’Esprit de Dieu et le coeur chrétien ». Et Monseigneur Henri Brincard résume ainsi cette oeuvre de formation de la jeunesse : « un élan de toute l’âme vers “la Lumière” ». John Keith, un jeune américain venu étudier pendant quelques mois à Clères, confiait y avoir trouvé « une École simple et non pas prétentieuse », où l’on se « trouve face-à-face avec Dieu ». L’instrument de cette rencontre avec Dieu était André Charlier lui-même, comme Antoine de Lévis-Mirepoix l’explique dans la Préface.
Mais cette oeuvre exigea d’André Charlier qu’il renonce, après la mort de sa première femme en 1940, à redonner un véritable foyer à ses propres filles, sacrifice douloureux à son coeur de père et sur lequel il revient souvent dans le Journal qu’il écrivit à leur intention : « Vous avez eu [à Maslacq] une vie fort agréable en somme, et je pense qu’elle restera pour vous comme un beau souvenir. Pas un vrai foyer sans doute, mais qu’y puis-je ? J’ai dû sacrifier cela à l’École, et ce n’est pas moi qui ai voulu assumer cette charge ». Par ces sacrifices librement consentis, André Charlier fut un « témoin de l’Éternel », comme il se définit lui-même. Son ami Gustave Thibon l’avait compris, qui lui écrivait : « Je pense souvent, très souvent à vous comme à l’un des derniers témoins des choses qui demeurent. »
C’est ce témoignage de toute une vie que nous livre cette première biographie d’André Charlier.