Description
Réfléchir, écrire aujourd’hui sur la tempérance est une gageure. Le mot est disparu du vocabulaire de l’homme moyen comme de « l’élite » intellectuelle, laïque et religieuse. Le petit Robert ne lui reconnaît que deux sens, l’un « didactique » : modération dans tous les plaisirs des sens, l’autre « courant » : modération dans le boire et le manger. Tous deux se sont volatilisés du langage de la société contemporaine. Outre le mot qui la désigne, c’est la réalité même de la vertu de tempérance qui s’est évaporée de l’âme des hommes livrés aux délices de la « société de consommation ». Les catholiques n’échappent pas à ce bilan négatif, tant dans l’enseignement qu’ils reçoivent que dans leur conduite. Nous sommes à cet égard dans la même situation qu’à la fin de l’Empire romain telle que la décrivait saint Augustin : « Trouvera-t-on facilement enfin de compte un chrétien se conduisant comme il le devrait à l’égard des impies dont l’effrayant orgueil, la luxure, la cupidité, les iniquités et les sacrilèges abominables ont contraint Dieu à broyer l’univers selon sa menaçante prédiction ? »
Pour qu’il en fut autrement, il faudrait que la tempérance fût professée comme une vertu et même comme une vertu cardinale qui, malgré la place qu’elle occupe après la justice, la prudence et la force, ne laisse pas d’intervenir, si elle est exercée, dans presque toutes les finalités de la vie quotidienne de l’homme.