Description
À paraitre : volumes I, III et IV.
Les traditions juive, chrétienne, et même musulmane, se sont longtemps
interrogées sur les rapports entre Dieu et la liberté humaine, essentiels
quant à l’intelligence de notre destinée, et souvent objets d’angoisses, de
durcissements et de rejets. Notre série de quatre volumes intitulés Dieu joueur d’échecs ? cherche à déterminer quelle est l’authentique pensée de l’Église catholique sur le sujet.
Le présent deuxième tome en scrute dans ce but les oeuvres du Docteur commun, saint Thomas d’Aquin, dans l’ordre chronologique — désormais admis — où celles-ci furent rédigées. Il voudrait en particulier dissiper un grand nombre de malentendus accumulés par les controverses des quatre derniers siècles sur la véritable doctrine de ce Docteur de l’Église sur la science divine des futurs libres, la volonté divine antécédente, conséquente et permissive, la providence, la prédestination, l’élection et la réprobation, la subordination de la causalité divine et de la causalité créée, et enfin les rapports entre la grâce actuelle et le libre arbitre. Le retour à la simplicité limpide du Docteur angélique devrait permettre de surmonter la complication dont certains théologiens ont alourdi inutilement un thème en soi déjà très mystérieux, et de répondre aux objections des incroyants nées de ce dernier. Le recul du temps, éclairé par les décisions du magistère postérieures au XIIIe siècle, permet enfin d’ajouter quelques retouches et compléments à l’enseignement de l’Aquinate ainsi analysé puis synthétisé.
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INTRODUCTION GÉNÉRALE DES QUATRE TOMES
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L’objet d’ensemble de ce travail
Dieu prédestine-t-il certains hommes au salut, et si oui, comment ? Et de quelle manière exécute-t’il un tel plan salvifique sur un homme ? Est-ce par le biais d’impulsions (c’est-à-dire de grâces) intrinsèquement et infailliblement efficaces ?¬ Pour tenter d’offrir une réponse cohérente avec la Révélation chrétienne, claire, et susceptible d’engendrer une confiance abandonnée en l’Amour miséricordieux de Dieu, nous avons décidé d’examiner les éléments qu’offrent sur notre sujet tant l’Écriture que la Tradition et le Magistère de
l’Église.¬
Dans un
premier tome,
que nous espérons pouvoir publier bientôt, nous avons procédé à un auditus fidei, c’est-à-dire examiné sur notre sujet de recherche le présupposé plus général de la Révélation, véhiculée par l’Écriture, lue à la lumière de la Tradition sous la conduite du Magistère. Au sein de la
Tradition, on ne pouvait que faire une place éminente aux Pères de l’Église, parmi lesquels saint Augustin demeure, certes, « le Docteur de la grâce », par excellence, mais le dernier mot reste à l’Église dans son Magistère, et nous n’avons pas négligé de mentionner les décrets conciliaires et pontificaux des premiers siècles. Il fallait ensuite prolonger notre étude jusqu’aux Docteurs et scolastiques antérieurs ou contemporains à saint Thomas d’Aquin, tels Anselme, Bernard, Pierre Lombard, Alexandre de Halès, Bonaventure et enfin Albert le Grand.¬ Cette base étant posée, notre présent
tome II
vise à déterminer le sens des textes de saint Thomas, grand lecteur de l’Écriture et des Pères, et souverainement soumis au magistère de l’Église.¬
Un
troisième tome
(encore en gestation) se proposera d’étudier comment les théologien scolastiques ultérieurs des diverses écoles catholiques (thomiste, scotiste, augustinienne, moliniste, congruiste, alphonsienne…), ont élaboré des systèmes. Leur foisonnement nous paraît intéressant, mais propre à détourner de la clarté offerte par le Docteur commun, d’autant que la crise baïanisto-janséniste n’a fait qu’embrouiller encore les cartes. L’ébauche de ce tome III comporte déjà la liste raisonnée de plus de 1 000 livres traitant notre sujet, écrits après la mort de l’Aquinate, et imprimés entre la période des incunables et la fin du XVIIIe s.¬
Il nous restera alors à scruter dans un
quatrième et dernier tome
comment, surtout après l’encyclique Aeterni Patris de Léon XIII, de nombreux auteurs, thomistes et molinistes ou autres, ont voulu reprendre à la base le problème. Ce tome IV présente déjà une liste de plus de 100 p. des très nombreuses études (livres et articles) publiées aux XIXe et XXe siècles sur notre sujet.¬¬
L’objectif du tome II
Dans le présent
deuxième tome,
nous cherchons donc à résoudre avant tout la question suivante : « Quelle est l’authentique pensée de saint Thomas sur la manière dont la causalité divine — et au plus haut point celle de la grâce actuelle surnaturelle — sur le libre arbitre humain intervient dans le salut
individuel de l’homme ? » La réponse ne peut pas ne pas éclairer le mystère de la prédestination. Nous estimons que l’Aquinate a fourni les grands principes qui permettent d’approcher d’une mise en place harmonieuse de la doctrine catholique sur ces thèmes de l’infaillibilité de la prédestination et de la causalité de la grâce. Ensuite, il nous reviendra d’affiner au besoin sur quelques points la pensée du Maître.