Homélies sur les Evangiles
Témoin du travail inlassable de Dieu au milieu des bouleversements de l’histoire, Saint Grégoire le Grand, tel un veilleur, ouvre à son peuple de Rome les chemins de foi et d’espérance.
Rome, l’an 590. Un monde dans les douleurs : inondations, pestes, famine. L’Italie à feu et à sang sous le glaive des Lombards. Partout la souffrance, la destruction et la mort.
Le nouveau pape, Grégoire Ier
, soulage la misère des corps de tout son pouvoir, mais il veut aussi relever les âmes abattues et les conduire à Dieu. De moyen, il n’en connaît qu’un : prêcher l’Évangile. Il est aphone, cloué au lit par la maladie… qu’importe ! Il dicte une vingtaine d’homélies, qui seront lues au peuple, puis se risque à parler lui-même : il improvise.
Bien peu, sans doute, l’entendront, du fait des sa pauvre voix cassée, mais des premiers rangs de l’assistance, on sténographie sa prédication. Les copies se multiplient. Succès prodigieux ! Et succès durable, puisque, selon le mot d’un érudit, les Homélies seront « l’un des livres les plus lus et les plus vénérés de tout le moyen âge ».
Demeurer best-seller pendant plus de huit siècles, ce n’est pas rien. Une telle réussite ne s’explique que par la qualité exceptionnelle de la parole du saint pape : un mélange de simplicité et de grandeur dont on ne se lasse pas. Grégoire est si humain, si accessible et si aimable que nul, même parmi les simples, ne se sent rebuté. Il verse dans les âmes tant de calme, de courage et de joie, il entraîne avec tant d’aisance les sommets mystiques, qu’une fois qu’on la connu, on lui reste fidèle à la vie, et à la mort.
On à peine alors à s’expliquer que la dernière traduction française des Homélies date de 1665. Il était temps de rendre au peuple chrétien la parole d’or et de feu du premier moine à être devenu pape.