Description
« Derrière un bois de pins rabougris, il y avait la bergerie. Masse sombre et puissante, dont le pignon se prolongeait jusqu’à terre. La lune jetait des reflets d’argent sur son toit de roseaux. Amédée n’avait plus de patrie et il n’en aurait jamais plus, mais il pouvait encore y avoir un toit pour lui, dans ce monde de la destruction. »
Une bergerie, c’est le seul bien qui reste aux barons de Liljecrona après la défaite du régime nazi. Trois frères unis qui ont vécu chacun une épreuve différente. Dénoncé par son garde forestier pro-hitlérien, Amédée a connu la plus douloureuse : quatre ans d’internement dans un camp de concentration. Il lui faudra du temps dans la solitude de l’alpage, loin même d’Érasme et d’Aegide, pour guérir de toute l’horreur endurée. Missa sine nomine est le récit de ce retour parmi les hommes. Avec profondeur et poésie, Ernst Wiechert s’interroge sur la complexité de l’âme humaine face à la barbarie et exprime la véritable conversion à la vie nécessaire pour renaître.
Une offrande sans nom.
En savoir plus
Missa sine nomine est le titre original de ce roman. Il est inattendu sous la plume du protestant qu’était Wiechert. L’un de ses amis, le professeur Eduard Spranger, en a proposé une explication Ce titre aurait été inspiré à Wiechert par la Missa sine nomine du vieux maître Tadei da Gandra, qu’il entendit jouer à Zurich en mai 1950. Wiechert lui prêterait un sens symbolique : de même que la messe célèbre le mystère de la transsubstantiation, ce roman évoque la métamorphose de la haine en amour et de la rancune en charité, qui s’opère dans l’âme d’un ancien « concentrationnaire » il dépeint ses efforts pour convertir en bien le mal latent chez les jeunes partisans de ses bourreaux et dans leur descendance. La « messe sans nom » serait donc l’office anonyme de rénovation spirituelle proposé par Wiechert aux hommes de bonne volonté de son pays, bouleversés par la politique et par la guerre, lourde tâche qui ne saurait, selon lui, se réclamer d’aucun parti et d’aucun dogme.