Description
Volume III des Œuvres romanesques de Fédor Dostoïevski. Traduction du russe, avant-propos et notes d’André Markowicz.
Achevée dans la déréliction d’un paysage funèbre, 1864, l’année noire des deuils, Fédor Dostoïevski arrête l’horloge du temps et tente de faire le point sur son existence.
À la passion et au vertige du jeu succède la création romanesque qui va donner au XIXe siècle ses trois plus magnifiques romans.
CE VOLUME CONTIENT LES 3 OUVRAGES DE LA PÉRIODE 1865-1868 :
• Crime et Châtiment
* Première grande synthèse artistique de l’écrivain après ses années de Sibérie Crime et Châtiment semblait destiné à devenir une grande fresque sociale de la misère et de la déchéance.
S’inspirant de ses ouvrages antérieurs pour créer certains acteurs de ce nouveau roman, l’écrivain, offre au lecteur une plus grande élévation morale et religieuse, solidement intégrée dans l’unité complexe d’une grande tragédie.
Toutefois, la correspondance de l’auteur ne permet aucun doute : la première inspiration de Dostoïevski fut une réaction à un changement décisif dans l’idéologie « radicale » et de contrecarrer les conséquences désastreuses qu’il pressent dans les doctrines morales et sociales du nihilisme russe.
Avec une grande originalité Dostoïevski, transforme la relation d’un crime en une profonde analyse de l’âme et du cœur humain. Semblant résulter d’une logique utilitariste, le crime de Raskolnikov apparaît comme le désir de réduire l’injustice et la souffrance sociales, combiné à un souverain mépris des masses.
D’une puissance fascinante, il est indéniable que Crime et Châtiment constitue un moment décisif dans l’évolution artistique et personnelle de Dostoïevski.
• Le Joueur
* « Il est joueur, mais ce n’est pas un joueur ordinaire — de même que le chevalier avare de Pouchkine n’est pas un simple avare... Le récit retrace comment, depuis trois ans, il traîne dans les maisons de jeu et joue à la roulette » (lettre à N.N. Strakhov).
Sans être lu dans une perspective uniquement biographique, il ne faut toutefois pas négliger l’aperçu des explications que donne Dostoïevski sur sa propre passion du jeu. De ce point de vue Le Joueur est à la fois autocritique et justification.
Initialement intitulé Roulettenbourg, Le Joueur est sans doute l’un des plus vivants, des plus brillants et des plus amusants textes courts de Dostoïevski.
• L’Idiot
* « Dans l’histoire, il est impossible de symboliser la divine bonté autrement que par l’impuissance complète. » (R. Niebuhr).
Ces quelques mots résument de façon tragique l’œuvre grandiose réalisée par Dostoïevski en écrivant L’Idiot. Commencé dans l’exaltation avec cette idée majeure d’un « homme absolument parfait » :
L’idée principale du roman est de représenter l’homme positivement beau. Rien de plus difficile au monde, surtout actuellement. Tous les écrivains, les nôtres, et aussi tous ceux d’Occident, qui ont entrepris de représenter le positivement beau ont toujours passé la main. Parce que la tâche est démesurée. Le beau est l’idéal, or l’idéal, le nôtre ou celui de l’Europe civilisée, est encore loin d’être élaboré. Il n’existe au monde qu’une seule figure positivement belle : c’est le Christ... (Lettre à sa nièce S.A. Ivanova).
Dostoïevski nous livre ici un roman complexe aux innombrables personnages, dont les quatre principaux — le Prince, Rogojine, Nastassia Filippovana et Aglaïa — sont les héros d’un monde intemporel, un monde de métaphores, de symboles, véhiculant les motifs essentiels. Ce qui semble au premier abord un « manque de mesure », se révèle être rapidement un affrontement fulgurant, presque déséquilibré, entre l’amour-passion ou l’amour-possession et l’amour-compassion, amour don de soi.
Les épisodes s’accumulent et s’enchevêtrent, laissant couler le récit à la manière d’un fleuve jusqu’au moment de la débâcle.
Grandeur pathétique, ambiguïté déconcertante, à coup sûr on ne peut rester indifférent devant la profondeur d’un tel récit qui place, sans contredit, son auteur parmi les plus puissants de toute la littérature moderne.