Description
(Xe — début du XIIIe siècle)
Quel fut le rôle de l’empire byzantin dans l’essor culturel de l’Europe latine à l’époque de l’art roman ? C’est à Byzance, en effet, que fut recopiée la quasi-intégralité des oeuvres de l’Antiquité grecque. Et c’est dans la cité impériale que la culture antique continua pendant des siècles à servir de socle à l’enseignement scolaire.
Ce bagage byzantin fut transmis aux cours royales et aux abbayes de l’Europe à l’époque romane. On rencontre ainsi les influences artistiques byzantines à travers toute l’Europe des Xe-XIIe siècles, dans les vallées de la Meuse ou du Rhône, en Allemagne, jusque dans les royaumes scandinaves. De nombreux textes antiques furent alors traduits en latin puis commentés.
Les routes et les intermédiaires humains par lesquels cette transmission s’est effectuée montrent un couloir de circulation reliant la Sicile, l’Italie du Sud, la vallée du Rhône, la cour de Champagne, les abbayes d’Île-de-France et de Normandie, le monde rhénan...
C’est toute l’influence byzantine sur le monde latin, visible dans les fresques et les enluminures, dans la transmission d’ouvrages, d’abord religieux, puis savants que retrace dans cet essai magistral Sylvain Gouguenheim.
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LES OBJECTIFS DE L’ENQUÊTE
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En raison de I’ampleur du sujet et de sa complexité, j’ai mis l’accent sur certaines transmissions, sans prétendre à l’exhaustivité. Certains aspects ne sont qu’effleurés, ainsi le domaine des idées et des pratiques politiques ou le Droit. L’objectif est de mettre en évidence, au-delà des contenus, les lieux,
pôles et
relais, de la transmission de la culture hellénique et d’en établir les conditions, ce qui implique de discerner :¬
1) Ce que Byzance avait conservé-retrouvé et produit, autrement dit le
stock de ce qu’il était
possible de transmettre
2) Ce qui, dans ce réservoir de possibles, fut
réellement transmis, en identifiant les facteurs favorables et en distinguant entre ce que les Latins allèrent
chercher sur place ou
reçurent (textes et œuvres d’art). La place des traductions est importante mais s’y limiter donnerait une vision déformée de la réalité.¬
Il restera à
mesurer cette influence, à en indiquer les limites, avant de proposer quelques suggestions concernant les réseaux, les itinéraires et les centres de réception et de diffusion.¬
Je me suis donc efforcé à partir des travaux des uns et des autres, spécialistes de Byzance comme de l’Europe latine, d’ébaucher une esquisse des contacts culturels à l’époque indiquée. J’ai tenu à fournir le maximum de détails utiles comme à respecter les diverses thèses, y compris dans leurs nuances, sans perdre le lecteur dans les méandres de dossiers trop érudits — ni sans trop escamoter combien les enquêtes de spécialistes fournissent matière à réflexion. Il est donc entendu que ce livre est destiné à un public amateur d’Histoire. Les spécialistes n’y trouveront rien qu’ils ne connaissent déjà — hormis peut-être quelques rapprochements et hypothèses suggérés dans Ie dernier chapitre.¬
Sylvain Gouguenheim.