Description
Anti-manuel d’évangélisation
Dieu peut-il être un sujet de conversation ? Peut-on le placer entre le dernier match de foot et le bulletin météorologique ? Serait-il mieux de disserter savamment dessus, de le resituer entre les antinomies de Kant et les généalogies de Nietzsche ? N’est-ce pas le diminuer au moment même où l’on prétend l’exalter ? Ou l’honorer alors qu’on voudrait s’en débarrasser pour toujours ?
Au moins deux espèces de personnes ne s’embarrassent pas de ces difficultés : le fondamentaliste et l’athée. Tous deux parlent de Dieu à tort et à travers. Si bien que deux autres types vont s’insurger contre une telle arrogance : l’agnostique et le chrétien enfoui. Tous deux prennent le parti de ne plus en parler du tout.
Et puis il y a ceux pour qui l’on ne peut parler de Dieu, mais pour qui l’on peut encore moins se taire. Et les voici qui bégayent, balbutient, clowns qui doivent témoigner de ce qui les surpassent. Ils sont envoyés comme hérauts du « Royaume », alors qu’ils font leurs courses chez Leclerc. Ils sont désignés comme « lumière du monde » alors qu’ils cherchent l’interrupteur de leur chambre. Enfin ils se savent fils du Dieu infini, mais finis, extrêmement finis...