La trisomie est une tragédie grecque
Alors que les découvertes du Pr Lejeune sont détournées de leur finalité et que le dépistage des anomalies chromosomiques est mis au service de l’eugénisme, le Pr Le Méné lance un cri d’alarme.
Alors que les découvertes du Pr Lejeune sont détournées de leur finalité et que le dépistage des anomalies chromosomiques est mis au service de l’eugénisme, le Pr Le Méné lance un cri d’alarme.
La trisomie est une tragédie grecque : c’est l’histoire d’une découverte scientifique qui se retourne contre ceux qu’elle doit servir. En 1959, Jérôme Lejeune découvre un chromosome supplémentaire sur la 21e paire d’un enfant mongolien. Il en découle une révolution scientifique qui inaugure la voie de la génétique moderne et une révolution humaniste qui change le regard sur les personnes handicapées mentales.
Pourtant, les ressorts de ce qui constitue la première politique publique de discrimination génétique dans le monde restent largement méconnus. Ce sont eux qui constituent le drame. Ces ressorts sont si peu raisonnables et si peu compassionnels qu’ils provoquent l’indignation. Beaucoup de choses sont à craindre si nous continuons sur cette pente. Mais les raisons de ne pas désespérer sont plus fortes.
Cinquante ans après la découverte de la trisomie, à l’orée d’un nouveau millénaire, l’épilogue de cette tragédie reste à écrire. Il ne tient qu’à chacun d’entre nous de l’humaniser, sous le signe de la connaissance et de la beauté, dans le respect du mystère même de la vie. Oui, nous le pouvons.