« À tant de chrétiens modernes qui acclament sans réserve tous les progrès temporels comme les effets et les preuves de la vocation divine de l’homme, je voudrais poser cette question-limite qui départage à jamais les hommes de l’avenir et les hommes de l’éternité : si, du jour au lendemain, la science supprimait la mort, que penseriez-vous de ce « plan de Dieu sur l’histoire » qui perpétuerait indéfiniment la séparation entre l’homme et Dieu ? Et surtout que choisiriez-vous ? De profiter d’une découverte qui vous priverait pour jamais de la vision de celui que vous appelez votre Dieu ou bien de vous précipiter dans l’inconnu pour le rejoindre ? Si vous optez pour la première branche de l’alternative, vous avouez que votre patrie est dans le temps et que votre Dieu n’est qu’une chanson de route dont se berce la fatigue d’une humanité en marche vers le Paradis terrestre.
Et ce Dieu-là se rapproche singulièrement de la dernière auberge de Baudelaire, du bouche-trou de Nietzsche ou de l’opium du peuple de Marx. Mais si, gorgé de tous les biens et de toutes les sécurités d’ici-bas, vous pouvez dire avec saint Paul : cupio dissolui et esse tecum, si vous désirez du fond de votre être voir Dieu, non plus dans le miroir de la création, mais face à face, alors vous êtes vraiment les disciples de Celui dont le Royaume n’est pas de ce monde et qui ne donne pas comme le monde donne. »
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Préface
- Acte I
- Acte II
- Acte III
- Acte IV
- Acte V