Description
La Veilleuse des Solovki est l’oeuvre d’une vie : celle de Boris Chiriaev, intellectuel moscovite qui fait mémoire de ses sept années de travaux forcés aux îles Solovki archipel situé dans les eaux glacées de la mer Blanche, au large des côtes de Carélie. Une « chronique des temps de naufrage » qu’il commencera à écrire au camp et poursuivra pendant vingt-cinq ans.
Haut lieu de l’orthodoxie et du monachisme depuis le XVIe siècle, cette terre florissante allait devenir le symbole même de la répression bolchevique avec l’installation du premier camp de concentration soviétique, en 1920, où seront déportés intellectuels, ecclésiastiques, officiers, paysans et criminels de droit commun.
Quand Chiriaev arrive aux Solovki, en 1923, le camp présente un paradoxe qui éclate dans le livre. L’auteur y décrit en effet la terreur, la barbarie, le désespoir, mais relate aussi la grande effervescence intellectuelle, scientifique et artistique qui est encore tolérée par le pouvoir à l’époque. La Russie d’hier n’est donc pas encore définitivement anéantie, la culture non plus dont les plus brillants représentants se trouvent dans ce pénitencier. « Le régime des Solovki n’était pas encore bardé de la cuirasse du système », écrira Soljenitsyne dans L’Archipel du Goulag. Mais il y a plus. Chiriaev, au milieu de cette désolation, voit poindre la lueur veilleuse que rien ne peut éteindre, celle du dernier ascète des Solovki qu’il a surpris en prière dans sa hutte au fond des bois, celle aussi d’une baronne qui sacrifie sa vie pour soigner les malades du typhus, ou par cette communauté de vieux-croyants qui, persécutés par le nouveau pouvoir, mourront aux Solovki dans la plus absolue dignité. Les Solovki étaient un Golgotha, nous dit l’auteur, sur lequel brillait la lumière de l’Esprit.